samedi 12 mai 2007

Interpellé à Paris, un ingénieur dénonce une bavure policière

JEAN-MARC LECLERC.

Un ingénieur de 31 ans, interpellé mercredi à l'issue d'une manifestation contre Nicolas Sarkozy place Saint-Michel à Paris, a porté plainte contre les policiers. Il dit avoir reçu, ce soir-là, des coups de matraque. L'Inspection générale des services (IGS) a été saisie dans le cadre d'une enquête administrative mais aussi judiciaire. Car, d'après l'examen médical pratiqué à la demande de la police des polices, le jeune homme porte des traces de coups.

Philippe Roset a donc déposé plainte pour « violences illégitimes ». Il a été interpellé après avoir rejoint, dit-il, une amie qui participait au mouvement de protestation place Saint-Michel. Mais lui assure ne pas y avoir pris part. Interpellé, il a été conduit au commissariat du XVIIIe arrondissement avec une quarantaine de manifestants pour un contrôle d'identité. Lorsqu'il est sorti, vers 3 heures du matin, avec une petite dizaine de personnes libérées en même temps, l'ingénieur et le reste du groupe ont voulu attendre, à proximité du commissariat, la sortie de l'ensemble des interpellés.

Le groupe a été invité à se disperser. Des insultes ont fusé contre les agents du commissariat, puis des canettes. La police a dispersé les trublions. Le début de l'altercation a été filmé par un téléphone portable. Mais cette courte séquence n'apporterait pas grand-chose à l'enquête. Des témoins affirment cependant que l'ingénieur a été frappé au sol. Depuis le soir du 6 mai, environ 900 personnes ont été interpellées par la police pour des troubles en rapport avec l'élection, plus de 80 policiers ou gendarmes ont été blessés, et plus de 1 500 voitures incendiées.

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vendredi 6 avril 2007

Une vidéo montre l'arrestation violente de deux hommes près de Rouen

LE MONDE

Les images ne sont pas d'excellente qualité, mais elles témoignent de la violence des événements. Une vidéo tournée par un habitant de Mont-Saint-Aignan, près de Rouen, a fixé les conditions mouvementées de l'interpellation de deux personnes par la police, dans la soirée du mardi 3 avril. On y voit un homme frappé à terre, à coups de pied, puis brièvement étranglé, ainsi qu'un chien muselé censé l'intimider. Face à cet "incident grave", le préfet de la Seine-Maritime, Jean-François Carenco, a demandé l'ouverture d'une enquête administrative, confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Le parquet de Rouen a également ouvert une enquête.

L'affaire a débuté par un accident de voiture. Deux étudiants de 19 et 20 ans, inconnus de la police, sont rentrés dans un plot de circulation. A proximité se trouvaient trois jeunes hommes, avec lesquels une rixe a débuté. Le conducteur de la voiture a été légèrement blessé à la tête par un jet de pierre, provoquant un saignement abondant.

"GESTES INUTILES"

Appelée par des voisins, une patrouille de police est arrivée sur les lieux où se trouvaient encore les deux occupants du véhicule. Les fonctionnaires ont voulu les contrôler, mais le conducteur - le plus virulent, semble-t-il - a refusé l'éthylotest. Le passager, lui, a présenté un taux d'alcoolémie de 0,4. Comme l'a confirmé un témoin, les deux jeunes hommes auraient alors insulté les policiers et proféré des menaces contre leurs familles.

Les fonctionnaires ont tenté de les interpeller en les menottant, mais l'un d'eux aurait répliqué par un coup de poing au visage, un épisode non confirmé par un témoin de la scène. C'est alors que les policiers ont fait montre, selon le jargon de leur métier, d'un "usage disproportionné de la force". Alors qu'ils étaient en nombre conséquent depuis l'arrivée de renforts et guère menacés, ils ne se sont pas contentés d'attendre l'arrivée du fourgon.

Sur la vidéo, diffusée par France 3, on aperçoit un policier frappant du pied, à plusieurs reprises, un homme à terre, tandis que ses collègues observent la scène sans s'interposer. Bien que muselé, un chien est lâché. Pendant quelques longues secondes, l'homme est aussi victime d'un étranglement. "Les images ne sont pas très lisibles et ce n'est pas l'affaire du siècle, explique le préfet. Mais si, effectivement, un individu a été frappé à terre, c'est inacceptable." Les policiers, eux, prétendent que la force était indispensable, car les deux hommes étaient très agités. "Les techniques d'intervention ont été brouillonnes et certains gestes inutiles", reconnaît pourtant la direction départementale de la sécurité publique (DDSP). Les deux étudiants ont été laissés libres, sous contrôle judiciaire.

Dernière anomalie dans cette affaire : la durée de l'attente avant l'arrivée du fourgon : 40 minutes au lieu d'une dizaine au maximum en temps normal. Alors qu'il doit toujours être disponible en cas de besoin, le fourgon était utilisé à l'autre bout de la circonscription comme simple véhicule de patrouille.

Piotr Smolar

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lundi 12 mars 2007

La France vote NON au journalisme citoyen

Par Erwin Act, sa biographie

Cet article a été rédigé par un reporter d'AgoraVox, le journal média citoyen qui vous donne la parole.

Le Conseil constitutionel l'a décidé. La vidéo citoyenne est dorénavant interdite sur les blogs francais. Récit d'une initiative sarkozienne...

On se souvient tous des images de ce jeune Américain noir, Rodney Kind, passé à tabac par des "policemen" la nuit du 03 Mars 1991, à Los Angeles.

La scène, filmée par la caméra amateur de George Holliday qui était présent sur les lieux la nuit de la rixe, avait mis l'Amérique en état de choc (vidéo en bas de page).

Sur la version anglaise d'AgoraVox, un article consacré à une décision toute récente du Conseil constitutionnel français fait lentement ricaner journalistes et bloggers citoyens anglais et américains, qui font de cette décision, leurs choux gras.

En effet, Anglais et Américains s'amusent d'une étonnante décision prise par les politiques du pays des droits de l'homme et de la liberté d'expression.

Et il y a franchement de quoi, car il y a quelques jours, le Conseil constitutionnel est parvenu à interdire les vidéos d'information dites "violentes". Adieu donc toute tentative de diffusion d'actes "violents", même si la démarche a pour vocation de révéler publiquement des dérives que nous serions - ne le souhaitons pas - amenés à filmer.

Fini donc les vidéos de bavures, fini les images prises sur le vif de jeunes gens qui brûlent et détruisent des automobiles, fini encore la diffusion d'images de manifestions contre le G8. Fini. Terminé. Basta. Ce qu'on ne montrera pas n'existera pas.

La loi, à l'initiative du ministre en campagne, Nicolas Sarkozy, semble, en tout état de cause, étonner nos voisins étrangers, peu habitués - à part la Chine - à de telles interdictions.

Les confrères américains ne manquent pas d'ironiser. En effet, il est bon de savoir que si George Holliday filmait et diffusait, aujourd'hui, en France, la vidéo qu'il a réalisée à Los Angeles en 1991, il serait succeptible d'être condamné à de la prison ferme.

La nouvelle consigne pour diffuser une vidéo de ce type sera de parvenir à obtenir l'aval d'une autorité professionelle des médias. Il semble, effectivement, que ce type de témoignages vidéographiques soit soumis à l'acceptation d'une autorité "reconnue".

L'Etat propose, dans un futur proche, de fournir une sorte de licence aux quotidiens reconnus. Seuls les journalistes professionnels seraient désormais habilités à passer de telles images.

Info pratique : toute diffusion non autorisée d'une vidéo à caractère violent est passible d'une condamnation de 75.000 euros d'amende et d'un emprisonnement de cinq ans.

Ironie de l'actualité. On fêtait, le jour de la décision du cCnseil constitutionnel, le seizième anniversaire du passage à tabac de Rodney Kind.

Est-ce le début de la fin pour les blogs médias francophones ? Affaire à suivre.

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